Lorsqu’un enfant est en difficulté, ses parents cherchent toutes les solutions possibles pour l’aider. La dyslexie, qui affecte directement les apprentissages scolaires, est souvent une source de stress et d’inquiétude pour les familles. Après des années d’échec et d’incompréhension, certains parents se sentent démunis, prêts à essayer n’importe quelle méthode qui leur promettrait un soulagement simple et rapide. C’est là que les « solutions miracles » entrent en jeu, dont nous allons parler aujourd’hui dans cet article.
Vous connaissez d’autres innovations qui mériteraient d’être explorées ? Partagez-nous vos idées, certaines innovations sont véritablement efficaces ! Nous leur dédierons un prochain article.
🎭 Le marché des faux espoirs

Depuis plusieurs années, divers dispositifs prétendent aider la lecture chez les dyslexiques : lunettes spéciales, filtres colorés, lampes à lumière pulsée, écrans adaptés, logiciels aux algorithmes soi-disant révolutionnaires… Leur promesse ? Réduire, voire supprimer, les difficultés de lecture grâce à une intervention purement visuelle.
Mais qu’en dit la science ? Absolument aucune de ces solutions n’a prouvé son efficacité de manière rigoureuse. Ces produits jouent sur le désespoir des parents et exploitent des théories séduisantes, mais non validées scientifiquement.
🔬 Une théorie séduisante, mais réfutée
La plupart de ces dispositifs reposent sur une hypothèse rétinienne de la dyslexie, suggérant que le problème viendrait d’un défaut dans la perception visuelle des lettres.

Cette idée a été popularisée en 2017 par deux physiciens rennais, qui ont avancé l’existence d’une anomalie dans la disposition des récepteurs oculaires chez les dyslexiques. Ils ont proposé que certaines lumières et filtres pourraient corriger cette anomalie et aider la lecture.
Problème : aucune autre étude indépendante n’a confirmé cette hypothèse. L’article original a été vivement critiqué par la communauté scientifique et, surtout, aucune expérience reproductible n’a montré un réel effet des lunettes ou lampes basées sur cette théorie.
Pire encore, deux études indépendantes ont testé les effets de ces dispositifs sur la lecture de dyslexiques et n’ont trouvé aucun bénéfice. Autrement dit : même lorsqu’on applique ces méthodes dans des conditions rigoureuses, les enfants ne lisent pas mieux qu’avant.
🤫 Des études « secrètes » et des résultats dissimulés
Face à ces critiques, certains fabricants ont commandité leurs propres recherches. Mais là encore, un problème se pose : leurs résultats ne sont jamais publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture.

Pourquoi ? Parce que ces études sont réalisées sous contrat de confidentialité. Plusieurs chercheurs ayant travaillé sur ces dispositifs ont confié à la presse que leurs conclusions n’avaient jamais pu être rendues publiques.
👉 Un exemple édifiant : Une scientifique interrogée par le média anglais The Transmitter a rapporté que son étude n’avait trouvé aucun effet des lampes et lunettes sur la lecture… mais que le fabricant l’avait empêchée de publier cette conclusion.
👉 Un autre chercheur, ayant collaboré avec un fabricant, a révélé qu’il n’avait jamais eu accès aux résultats finaux obtenus à partir de ses propres données.
Autrement dit, lorsque les essais cliniques ne sont pas favorables, ils sont tout simplement cachés. Pendant ce temps, les produits continuent à être vendus, accompagnés de témoignages séduisants et de publicités mettant en avant des résultats non prouvés.
📌 Lire le billet de blog de Mediapart
🚨 Ce que disent les experts

Face à la montée en popularité de ces dispositifs, plusieurs institutions scientifiques ont pris position :
1️ Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN) (2021) :
- A conclu qu’il n’existe pas de consensus scientifique sur l’efficacité des lampes et lunettes proposées.
- A souligné que ces dispositifs n’ont jamais fait l’objet d’études rigoureuses prouvant leur efficacité.
- A rappelé que la dyslexie n’est pas un trouble de la vision, mais un trouble neurodéveloppemental affectant le langage écrit.
📌 Lire leur rapport ici : CSEN 2021
2️ L’Union Nationale pour le Développement de la Recherche et de l’Évaluation en Orthophonie (UNADREO) (2023) :
- Après analyse des études disponibles, ne recommande pas l’utilisation des lampes et lunettes pour la dyslexie.
- A constaté l’absence totale de preuves solides soutenant leur efficacité.
📌 Voir l’avis complet : UNADREO 2023
3️ Des études expérimentales ont réfuté les effets de ces technologies :
- Une recherche menée par Marie Lubineau et ses collègues a testé l’effet du scintillement lumineux sur 22 enfants dyslexiques. Résultat : aucune amélioration de la lecture.
- Plusieurs tests indépendants ont été menés par des chercheurs en neurologie, en psycholinguistique et en sciences cognitives, sans jamais prouver le moindre bénéfice.
📌 Écoutez l’analyse d’experts ici : Podcast France Culture
🔎 Comment reconnaître une fausse solution ?

Si vous tombez sur un produit ou une méthode qui prétend corriger la dyslexie, posez-vous ces questions :
✅ Y a-t-il des études scientifiques indépendantes publiées dans des revues de référence qui prouvent son efficacité ?
✅ L’effet du produit est-il reproductible par d’autres chercheurs, dans des conditions strictes ?
✅ La méthode repose-t-elle sur un consensus scientifique, ou sur une théorie controversée ?
✅ Le fabricant cache-t-il certains résultats sous prétexte de confidentialité ?
✅ Y a-t-il des témoignages individuels mais aucune validation rigoureuse ?
Si la réponse à l’une de ces questions est « non » ou « douteuse », fuyez ! Si vous ne savez pas répondre à ces questions pour une raison ou pour une autre, adressez-vous à un expert de confiance : votre médecin traitant, votre orthophoniste,… N’hésitez pas à contacter nos experts chez Lesorthophonistes, nous nous tenons à votre disposition 😊
⚠️ Conclusion : méfiez-vous des solutions trop belles pour être vraies
On ne le dira jamais assez : si une méthode prétend « guérir » la dyslexie ou la corriger quasi-instantanément grâce à un simple appareil ou à une technique révolutionnaire, il y a de très fortes chances qu’elle repose sur du vent. La méfiance est donc de mise face aux promesses trop belles pour être vraies.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut rejeter toutes les innovations. Certaines avancées, bien que nouvelles et peu connues, ont fait leurs preuves scientifiquement et apportent de réels bénéfices. C’est le cas, par exemple, du Froggymouth, un dispositif orthodontique qui, dans certains cas, peut améliorer la posture linguale et, indirectement, avoir un effet positif sur la lecture et la parole.
Les approches basées sur la neuroéducation ou la rééducation orthophonique adaptée ont prouvé leur efficacité. Lisez notre article dédié ici.